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Afrique et AGOA: Un seul continent, des visions multiples

Avec les incohérences et les revirements dont ne cesse de faire preuve l’administration Trump, beaucoup d’observateurs africains se demandent si les États-Unis retireront, suspendront ou limiteront l’AGOA avant son expiration en 2025, date arrêtée sous l’administration Obama. Le président américain, Donald Trump, fidèle à son programme « America first », a déjà retiré son pays du Partenariat transpacifique, menacé l’Accord de libre-échange nord-américain et cherche à renégocier l’accord de libre-échange États-Unis-Corée du Sud. Quel sort réserve-t-il à l’AGOA?

L’AGOA est un vaste marché de consommation élaboré en 2000 sous la présidence de Bill Clinton, pour permettre aux producteurs africains dont les pays sont éligibles d’exporter leurs produits vers les États-Unis. Cette loi porte sur plus de six mille cinq cents produits bénéficiant de franchise de droits de douane et concerne essentiellement des produits agricoles et textiles (vêtements, chaussures, etc.). Elle a pour objectif, entre autres, la promotion du commerce et des investissements entre les États-Unis et les pays africains au sud du Sahara, le développement économique et les réformes en Afrique subsaharienne et un plus grand accès aux opportunités entre les investisseurs américains et les entreprises africaines au sud du Sahara.

En 2016, trente-huit pays d’Afrique subsaharienne étaient éligibles à l’AGOA et parmi eux, vingt-sept sont éligibles aux bénéfices accordés aux produits textiles. Il faut toutefois rappeler que les importations américaines en provenance de l’Afrique subsaharienne ont fortement diminué ces dernières années (18,7 milliards de dollars en 2015 contre 26,8 milliards de dollars en 2014, soit une baisse de 30 %).

Lors de la 16e édition du forum de l’AGOA qui s’est tenue à Lomé, au Togo, en août 2017, et qui avait pour thème « Les États-Unis et l’Afrique : un partenariat pour la prospérité à travers le commerce », des représentants du secteur privé, de la société civile et du programme d’entrepreneuriat des femmes africaines et d’autres invités ont exploré comment les pays peuvent continuer à maximiser les avantages de l’AGOA dans un paysage en rapide évolution économique et le rôle important joué par les femmes, la société civile et le secteur privé pour promouvoir le commerce et générer de la prospérité. Rappelons que le Congo fait partie des pays éligibles à l’AGOA.

Les pays de l’Afrique francophone comme le Togo et la Côte d’Ivoire sont très fiers de participer au programme version D. Trump, même s’ils n’ont pas grand chose à vendre. Pendant ce temps, sur le même continent, un peu plus au sud, l’Afrique du Sud n’est pas totalement satisfaite des termes de la version 2018 de la loi américaine sur la croissance et les opportunités, AGOA.

Rob Davies, le ministre sud-africain du Commerce et de l’Industrie explique que Pretoria doit non seulement payer les dommages collatéraux des nouveaux tarifs douaniers américains, mais qu’elle est en plus prise au piège de la politique de Donald Trump en matière d’importation de l’acier.

Il ajoute en outre que l‘économie sud-africaine fera face aux effets collatéraux des nouvelles règles américaines à grande échelle.

Car si nous devions perdre la production nationale, nous retournerions être de simple production de vinyles, sans aucune valeur ajoutée.

« Nous en sommes à payer des dégâts collatéraux dans un conflit que nous n’avons pas provoqué et qui omet le fait que nous devons aussi faire face aux conséquences de la surabondance de l’acier sur le marché mondial et que l’Afrique du Sud prend des mesures pour défendre sa propre production.

Nous avons dû prendre des mesures, parfois des mesures controversées. Nous avons dû gérer l‘équilibre en amont et en aval dans un processus assez compliqué, mais qui nous permet de défendre la production locale d’acier en Afrique du Sud.

Car si nous devions perdre la production nationale, nous retournerions être de simple production de vinyles, sans aucune valeur ajoutée. Nous n’avons tout simplement pas la capacité portuaire d’importer tout l’acier dont nous avons besoin. Il y aura donc des effets en cascade. C’est une question qui s’impose à nous ».

Commentant toujours la volonté des États-Unis d’exclure certains produits comme l’acier justement de l’AGOA, le ministre Davies s’en prend au principe général de cette loi adoptée en 2002 pour accélérer le développement du continent. À son avis, le but de l’AGOA n’est clairement pas d’aider les pays d’Afrique sub-saharienne à se développer, mais à les maintenir dans leur statut de producteurs et d’exportateur de matières premières sans valeur ajoutée.

Avec l’AIAC et Africanews