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Pour un réalisme maçonnique en Afrique…

Le frère maçon d’Afrique retire-t-il son gant blanc avant de manipuler l’argent de la compromission?

Il n’est plus un secret pour personne que l’élite africaine et le pouvoir politique en Afrique Noire francophone et anglophone est essentiellement franc-maçon. Cette même région est caractérisée par une corruption chronique. La mauvaise gouvernance et la corruption sont deux fléaux qui freinent l’émergence de l’Afrique sur le plan économique, politique et social. Notre interrogation porte ici sur un des rituels des loges qui pose la pureté des actions comme un principe acquis, dans cet univers de magouilles.

Lors de son initiation en effet, le nouveau frère reçoit une paire de gants blancs, signe de pureté et de recherche de la perfection. Historiquement, deux paires étaient offertes, une pour le Maçon et l’autre pour sa femme. Dans une de ses publications, Edouard Plantagenet indique que les gants sont utilisés et portés au cours des travaux rituéliques et qu’alors, ils rappellent que le maçon doit avoir les mains vierges de toute souillure.

Il indique en plus que, au Grand orient de France, trois paires étaient envoyées aux trois commissaires installateurs d’un nouvel atelier et que ceux-ci les revêtaient rituéliquement au seuil du temple, avant d’y pénétrer. Il serait impensable qu’un Frère maçon ne soit pas ganté de blanc immaculé pour les Travaux en Loge, cette tradition doit être perpétuée insiste-t-il.

Chez Jules Boucher, dans un ouvrage intitulé “La symbolique maçonnique”, on trouve en première partie l’approche symbolique de pureté à laquelle s’attache l’auteur. Il fait référence à la pureté des Maçons vis à vis du meurtre de l’Architecte légendaire du temple de Salomon… Il est le seul à faire l’analogie du port des gants en Loge et lors des cérémonies religieuses catholiques par les Évêques et les Cardinaux et que là aussi ils sont porteurs de la notion de pureté. Il rappelle que le magnétisme des mains est réel, particulièrement l’extrémité des doigts et les mains gantées de blanc ne laissent filtrer qu’un magnétisme transformé et bénéfique. L’impression qui peut être ressentie dans une assemblée de Maçons, où tous sont gantés de blanc, dit-il, est une impression d’apaisement, de sérénité, de quiétude qui émane tout naturellement.

Cependant il y a des règles quant à l’utilisation des gants.

  • Si on visite une loge, on ne doit pas porter de gants si le Vénérable n’en porte pas.
  • Les gants doivent être ôtés lorsqu’on prend une obligation ou quand on prête serment car la main doit être nue sur le V.L.S. (« Volume de la Loi Sacrée»)
  • Les gants doivent être enlevés lors de fermeture de la loge, lorsqu’il y a « chaîne d’union ».

Dans tous les autres cas, si les gants sont portés dans une tenue de loge, on ne devrait jamais les enlever pas plus que l’on devrait enlever son tablier.

Comme nous pouvons le constater, dans la symbolique maçonnique tout acte du « Frère ou Sœur de Lumière » doit être exempte de souillure. La question qui traverse alors notre esprit profane est la suivante:

…le franc-maçon doit-il enlever son gant pour manipuler et compter l’argent de la corruption?

La réponse communément reçue auprès de certains initiés est que le maçon doit enlever ses gants lorsqu’il offre une obole au tronc de la Veuve parce qu’il ne faut pas souiller ses gants avec l’argent considéré comme un métal impur. Mais alors, quid de la souillure plus profonde infligée à une main nue par l’argent de la corruption? Si, comme cela devient la coutume en Afrique, les dessous de table et les pots de vin constituent le salaire ordinaire du compagnon, il devrait conserver ses gants pendant le travail…

En Afrique comme souligné plus haut, la franc-maçonnerie est devenue un centre de formation, une université voire un cercle de promotion sociale. Et qui dit structure non institutionnelle de promotion sociale, dit corruption. Et là naîtrait une nouvelle contradiction: si le corrupteur est aussi un Frère ou une Sœur, doit-il/elle conserver ses gants? Oui pour l’harmonie et la convention; mais lui, ne travaille pas…

Pourquoi ne pas alors abolir en Afrique la tradition du gant blanc? Les élites et gouvernements corrompus du continent gagneraient en transparence en adaptant les rites aux habitudes du milieu. Avec les gants, il est rappelé à chaque nouvel initié « qu’un Maçon ne doit jamais tremper ses mains dans l’iniquité.» Nous proposons aux Frères et Sœurs de lumière de soumettre la question au prochain REHFRAM* [au Congo Brazza ou au Gabon] et voter pour l’abolition des gants et la consécration de la corruption comme pratique admise. Le corrupteur et le corrompu deviendraient alors des salariés et leurs recettes soumises aux impôts ordinaires et à la dîme. Une alternative logique pourrait être la distribution de gants… noirs.

Bruxelles, le 11 mars 2018

Gustav Ahadji

Source éclairée: http://www.gadlu.info/

* REHFRAM: Rencontres Humanistes et. Fraternelles Africaines et Malgache