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Togo: sortie courageuse du président Nigérian

Le Togo commence à devenir une curiosité politique dans la sous-région Ouest-africaine avec une présidence sans base  et déconnectée de sa population. Après les tentatives de conciliation stériles de ses voisins immédiats ainsi que les tentative avortées de diabolisation de la contestation populaire, le président Buhari s’implique pour donner une direction claire aux futures négociations. [ndlr]

Le fait est suffisamment rare pour être souligné. A l’occasion de la présentation des lettres de créances, le jeudi 8 février dernier, des ambassadeurs dont celui du Togo, le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, a fait savoir que les “transitions politiques pacifiques” n’étaient “plus négociables” en Afrique de l’Ouest tout en affirmant que les crises politiques sont mauvaises pour le développement économique de la région. Un message on ne peut plus clair, adressé à son homologue togolais qui, depuis maintenant cinq mois, a fort à faire avec ses opposants qui ne cessent de ruer dans les brancard face à ses velléités de pouvoir à vie. Comme on le constate, depuis un certain temps, l’intention affichée du président Faure Gnassingbé de se maintenir définitivement au pouvoir irrite l’opposition togolaise qui, de façon récurrente, bat le macadam pour l’en dissuader au point de demander sa démission hic et nunc, plongeant ainsi le pays dans une crise politique qui a déjà mis de nombreux Togolais sur le carreau.

Si face à cette situation sociopolitique délétère qui pourrait créer l’instabilité dans une sous-région déjà en proie à la lutte contre le terrorisme, la plupart des chefs d’Etat de l’espace CEDEAO sont plutôt muets comme des carpes, le président nigérian aura, lui, fait une sortie pour mettre en garde le locataire du Palais de Lomé II. Pour une sortie courageuse de la part de celui qui préside aux destinées de la première puissance économique et militaire de la sous-région, c’en est vraiment une. En ce sens que Buhari brise l’omerta autour d’un sujet qui est jusque-là considéré comme tabou chez la majorité des chefs d’Etat africains : l’alternance. Maintenant qu’il a eu le courage de cracher ses quatre vérités au président Faure Gnassingbé dont le pays fait exception en termes d’alternance démocratique au sein de l’espace CEDEAO, qui d’autre pour faire comme lui ? Si le puissant Nigeria a clairement affiché sa position, il sied qu’une position commune des autres chefs d’Etat se dégage pour isoler le dictateur dans le but de le contraindre à abdiquer.

Les médiateurs dans cette crise togolaise, le président guinéen Alpha Condé et son homologue ghanéen Nana Akufo-Addo, sont avertis…

 Loin de jouer les Cassandre, le président Buhari dont le pays, l’un des plus puissants d’Afrique, a souffert, par le passé, des affres des présidences à vie et qui, aujourd’hui, jouit pleinement des délices de la démocratie, sait bien ce que peut coûter une instabilité politique. Cela dit, tout le mérite est pour le président du Nigeria qui confirme que son pays est une puissance sous-régionale attachée aux valeurs démocratiques. Et en faisant une telle sortie à quelques jours de l’ouverture d’un énième dialogue politique dans ce pays des Gnassingbé, il indique la voie à suivre qui n’est autre que celle de l’alternance. C’est dire que les médiateurs dans cette crise togolaise, le président guinéen Alpha Condé et son homologue ghanéen Nana Akufo-Addo, sont avertis. Ils savent désormais la position du géant de la CEDEAO qui est visiblement agacé de voir que le seul mouton noir de la démocratie dans cet espace communautaire reste le Togo, dirigé d’une main de fer par la dynastie Gnassingbé depuis un demi-siècle dont un quart par le ‘’fils héritier’’ Faure.

Drissa TRAORE

Source: Le Pays