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Libre circulation des personnes en zone CEMAC

L’intégration économique sous-régionale, puis régionale (à l’échelle africaine) que le groupe Afrology appelle de tous ses voeux depuis plusieurs années, est désormais unanimement reconnue comme un volet incontournable de l’émergence du continent. D’après une étude récente discutée à la réunion des ministres de la Zone Franc, une intégration réussie génère près de 3% de croissance en plus. Elle renforce la solidarité et réduit la vulnérabilité des économies de petite dimension comme celle des pays de la Cémac.

Après 45 années de discussion, la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) a « pris acte » mardi de la ratification fin octobre, par tous les États membres, de l’accord de 2013 sur la libre circulation des personnes dans la sous-région, mettant fin à des négociations laborieuses entamées il y a plus de quinze ans. Les six chefs d’Etat présents (Cameroun, République centrafricaine, République du Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad) ont « pris acte » de la décision des États d’ouvrir leur frontière et de supprimer les visas pour tous les ressortissants de la Cémac, selon le texte.

La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) a décidé mardi d’autoriser la Banque de développement des Etats d’Afrique centrale (Bdeac) à débloquer 1,7 milliard de francs CFA pour « accompagner l’application de la libre circulation des personnes » dans la sous-région. « En vue d’accompagner l’application de la libre circulation des personnes, le Conseil (de la Cemac) a décidé d’autoriser la Bdeac à prélever, sur les fonds du Fodec (Fonds de développement de la Cemac), le montant de 1,7 milliard de francs CFA », soit environ 2,5 millions d’euros, selon le communiqué final d’un sommet extraordinaire à N’Djamena.

Il a fallu 45 ans pour trouver un accord

La question de la libre circulation est sur la table depuis des années en Afrique centrale : en 1972, l’ancêtre de la Cémac avait déjà acté la libre circulation des personnes, sans qu’elle ne soit appliquée. En 2000, à la création de la Cémac, l’idée d’un « passeport biométrique Cémac » avait été avancée puis décidée, mais il n’a jamais vu le jour.

Les négociations sur la libre circulation, laborieuses, ont depuis continué à chaque sommet de la Communauté, mais elles ont longtemps achoppé en raison des refus de la Guinée équatoriale et du Gabon, pays pétroliers peu peuplés et relativement prospères qui craignaient une immigration massive.

Les six pays de la Cémac (Cameroun, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad), dont la monnaie commune est le franc CFA, représentent un marché de plus de 30 millions de consommateurs, dont une grande partie vit dans la pauvreté.

Fin octobre, la Guinée équatoriale, le Gabon, le Congo et la Centrafrique ont finalement entériné la suppression des visas pour les ressortissants de la Cémac en application de l’accord conclu en 2013 sur la libre circulation.

Le Tchad avait accepté début août de ratifier l’accord pour les ressortissants de la Cémac. Le Cameroun applique, lui, le principe de « réciprocité », autorisant la libre entrée sur son territoire de ressortissants dont le pays a appliqué l’accord de 2013.

Accélérer la diversification économique

A défaut d’une vision politique pour leur pays respectif, les dirigeants et les opérateurs économiques ont tous constaté avec préoccupations les nombreux facteurs d’instabilités qui affectent la région. Parmi ces derniers, on trouve par exemple la baisse du prix du baril du pétrole, principal pourvoyeur des recettes budgétaires de la quasi-totalité des pays de la CEMAC, mais également la crise politique larvée en République Centrafricaine, au Congo, au Cameroun et au Gabon, ainsi que le développement du terrorisme avec les menaces du groupe Boko Haram. Dans ce contexte, les chefs d’État ont appelé à une diversification structurelle de leurs économies, pour faire face à cette situation difficile et accroître le dynamisme économique.

« Le contexte économique nous interpelle, plus que jamais, la diversification de nos économies se révèle être une nécessité absolue », a déclaré le gabonais Ali Bongo Ondimba. Pour réussir ce pari de la diversification des économies de la région, les dirigeants se sont engagés à passer aux actes et signer l’accord de 2013 sur la libre circulation des personnes dans la sous-région.

Une mise en oeuvre complexe

Au regard de la taille modeste de leurs marchés, l’intégration régionale au sein de la zone CEMAC apparaît comme la solution idéale pour promouvoir la croissance et le développement.

Mais « Il y a des vraies craintes par rapport à cet accord, mais il est du devoir des États de la sous-région de les surmonter », a déclaré Alain-Claude Bilie By Nze, porte-parole du gouvernement gabonais. « Il y a trois éléments majeurs (à respecter dans l’application de cet accord) : la mise en place d’instruments biométriques, la coordination des services de police et de sécurité des Etats de la sous-région et le respect de la réglementation du travail ».

La Guinée équatoriale et le Gabon, qui s’étaient déjà engagés le 17 février à donner leur accord sur la libre circulation des personnes dans la région, avaient déjà conditionné cet accord à la mise en place de pièces d’identité biométriques. Mais l’accord n’a jamais été mis en place au Gabon. La Guinée équatoriale avait fait volte-face peu de temps après.

Fondée en juin 2000 à Malabo, la Cemac réunit des pays aux revenus très différents, et peine à mettre en œuvre des mécanismes d’intégration économique et monétaire. Beaucoup d’accords ont déjà été annoncés par le passé, sans qu’ils ne soient appliqués par la suite (compagnie aérienne commune Air Cemac, passeport commun…)

La libre circulation des personnes et des biens est un enjeu en Afrique alors que le commerce intra-africain reste encore peu développé. Nous espérons qu’avec un tel document, la CEMAC va désormais avancer de façon unitaire dans les négociations commerciales avec des vautours comme l’OMC ou l’Union Européenne.

Source: Internet