POINT PRESSE

PROJETS

Mémoire d’esclaves

Inscrite à l’agenda de l’UNESCO en 2004, la Journée Internationale du Souvenir de la Traite Négrière et de son Abolition (JISTNA) est célébrée le 23...

La banque de demain…

Afrology a lancé en 2020 un projet de création d’une banque d’épargne et d’investissement. La Banque de demain regroupe des africains de la diaspora répartis...

Togo : De la nécessité d’un changement pour une nation prospère

Libre opinion

Après un appel à la raison et au bon sens des uns et des autres pour un apaisement et une résolution de la crise sociopolitique dans notre cher Togo, il est important de s´interroger des causes de ces revendications sociales et politiques des derniers mois. Il est évident qu´elles expriment combien la majorité des togolais est insatisfaite de la manière dont le Togo est gouverné.

On est tenté de dire qu´au Togo les gouvernants ont fait ce qui était de leur pouvoir vu le contexte de crise internationale qui a marqué le monde ces dernières années. Qu´ils en soient remerciés pour leur dévouement et leur engagement au service de la République. Cependant, il est nécessaire qu´ils passent la main à une nouvelle classe dirigeante. Pourquoi doivent ils passer la main ? Qu’est-ce qui justifie l’alternance ? Parce que le changement en soi est une valeur ! Il permet d’apporter du neuf dans la gestion des affaires publiques. Tout mandat, toute responsabilité a besoin de ce renouvellement périodique afin de créer l’émulation nécessaire à tout progrès.

Il faut une alternance !

Seul l´État détient le monopole de l´usage de la violence, dit-on dans la théorie de l`Etat. Cependant il est à constater que des excès ont été faits dans la gouvernance de notre pays. À force de trop durer dans les fonctions politiques, certains citoyens se sont permis d´instrumentaliser l’État et ses institutions (y compris notre armée) pour défendre leurs intérêts personnels au détriment de la nation. Les travaux de la CVJR ont pu faire le diagnostic du mal qui a porté préjudice à la nation et a fait un certain nombre de recommandations pour panser les plaies et réconcilier la nation. Après tout ce travail, il serait dommage de retomber dans le piège de l´intolérance et de la haine. Il faut sortir de ce cercle infernal. Aussi devrait-on en toute humilité en tant que citoyen, lancer encore l´appel à tous les togolais et à toutes les togolaises à la retenue, car la vengeance est le fait des petites âmes.

La grandeur d’un homme se mesure dans ses actes, non dans ses paroles. Il est une évidence qu´aucune œuvre n´est parfaite. Le Président Faure Gnassingbé a servi la nation togolaise deux mandats durant et en est au milieu de son troisième quinquennat. C´est assez pour une fonction d´une responsabilité aussi grande et épuisante. Il pourrait désormais disposer de son temps comme il l´entend. Avec son expérience d´homme d´État il restera une ressource non seulement pour le pays mais aussi pour l’Afrique. En nous fondant sur la versatilité des peuples, il peut même espérer revenir un jour aux affaires si tel est la volonté populaire. On a vu l’exemple avec le président Kérékou dans le Bénin voisin.

Avec le Président Faure Gnassingbé qui a succédé à son feu père, Eyadema, le Togo n’aura connu qu´une seule famille à sa tête, totalisant ainsi 50 ans au pouvoir. Un phénomène plutôt digne d’une monarchie. On s´abstiendrait de prétendre que seule la famille Gnassingbé soit capable de diriger ce pays et personne ne se laisserait berner par une telle aberration. Il conviendrait de dire : C´EST ASSEZ ! La prétention ou l’ambition démesurée d’un seul homme peut être la ruine de tout un peuple.

Il y a une chose sur laquelle on peut s´entendre : personne ne veut d´une dynastie Gnassingbé au Togo et le régime actuel a perdu sa légitimité pour avoir échoué dans sa politique de répartition de bien et de justice sociale. Aucun peuple ne voudra d´un dirigeant peu rassurant et incapable d´assumer ses responsabilités dans des situations politiques, économiques et sociales aussi critiques que celles que nous connaissons au Togo. Le peuple a faim, le peuple est malade, le peuple est désœuvré, le peuple n´est pas respecté dans sa dignité. Le régime qui a prévalu jusqu´alors a échoué, parce que ce régime a fini par se faire piéger dans ses routines, dans ses vieilles habitudes, dans ses carcans. Il faut une innovation politique, il faut une alternance politique. Il faut du changement. Il faut de nouvelles compétences susceptibles de diriger le pays et d´entreprendre des actions publiques qui résolvent les problèmes collectifs du Togo. Il faut une décentralisation de l’État. Il faut un renouvellement des gouvernants du pays, qui soient plus performants. Il faut un changement de paradigme de la gouvernance. Révolu le clivage ethnique nord-sud, révolu les méthodes d’une armée clanique qui refuse de revêtir les joyaux de la République, révolue la stigmatisation OPPOSITION versus RPT-UNIR. Il est temps d´être fier du Togo, fier de son armée, fier de ses services de sécurité, fier de ses fonctionnaires dans de différentes administrations spécialisées – y compris ceux chargés de l´organisation des élections.

Le Togo a besoin d´un homme ou d´une femme fédérateur/fédératrice qui le dirige. Le Togo a besoin d´un homme ou d´une femme humble et sage épris(e) d´amour de la patrie et du bien commun. Le Togo a besoin d´un homme ou d´une femme de vision pour réconcilier les Togolais et donner une chance à ceux qui ont failli, quelqu’un qui garantisse la paix, la cohésion sociale et la justice pour tous, sans exception. Le Togo a besoin d´un leader qui crée de l´emploi et de la richesse au Togo et qui fait en sorte que tous les fils et filles de ce pays puissent en bénéficier. Le Togo veut être ce coin du monde où il fait bon vivre pour tous.

Pour ce Togo nouveau, l´armée et les services de sécurité peuvent être rassurés que le changement ne serait pas retourné contre eux. Il en va de même pour ceux-là qui ont toujours servi le régime actuel. Qu´ils soient gendarmes, militaires ou encore policiers, ils auront servi et servent l’État pour garantir l´ordre, la sécurité et la paix dans ce pays. Tous et toutes restent frères et sœurs de la même patrie. Et personne ne pourra les diviser.

Ainsi, il est temps que les togolais se remettent ensemble pour discuter. En tirant ainsi leçons du passé, on pourrait organiser de nouveau, un Forum National dont les critères de participation seraient à définir sur une base consensuelle. Ce forum permettra de poser les nouveaux fondements de l’État et de la République, afin de mettre en place un exécutif de transition. C´est là une proposition qui s´inscrit dans la perspective pragmatique de réconciliation et d´autres options enrichiraient la réflexion.

Le 15 septembre 2017
Par Atchou Sodjada ESSOUSSO,
Politiste