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Récurrence de l’immigration clandestine le mal vient de plus loin !

C’est devenu monnaie courante de voir sur les médias européens la ribambelle d’immigrés clandestins affluer vers les terres d’Europe et de tenter vaille que vaille de regagner le vieux continent dans l’espoir d’une vie meilleure. Les images sont déroutantes et rivalisent avec la fiction ; elles traduisent de façon lisible un drame existentiel que malheureusement tout le monde passe sous silence. Quand les pays touchés par la horde de clandestins en parlent, c’est juste par rapport aux soucis et aux dommages liés à la perturbation de la sécurité intérieure, et des lois de l’immigration en vigueur. On a très souvent et ceci jusqu’alors occulté la véritable raison qui pousse ces populations africaines à s’engager dans cette odyssée périlleuse. C’est vrai, quand un drame est vécu à une certaine fréquence dans un milieu social donné, les indignations et les émotions qu’il soulève au début finissent par épuiser de leur virulence et gonfler par la suite la rubrique des faits divers. Mais le pire, c’est qu’au-delà de la fréquence de ces drames dont nous sommes coutumiers et dont se plaignent les pays côtiers du vieux continent, c’est des personnes, ou mieux, des citoyens qui sont en péril et cela suscite des questions et convoque des responsabilités.

C’est assez étonnant il faut le souligner, de voir des milliers de personnes candidats volontaires d’une odyssée à côté de laquelle le souvenir de l’esclavage paraîtrait un luxe. Aux moins par le passé les esclaves africains étaient contraints au départ des navires négriers à destination des champs du nouveau monde. Ils étaient arrachés de force à leur clan, tribu ou leur terre natale et ils luttaient pour ne pas être du lot de ces malheureux que le sort abandonnait entre les mains du négrier. Malgré les années écoulées pendant lesquelles le temps a pris soin d’édulcorer l’ampleur de ce drame historique entretenu des siècles durant, il reste fossilisé dans la mémoire collective des africains, des résidus qui les mettent à distance de ce sombre passé douloureux. Au sommet de Durban, il y a quelques années, les chefs d’États africains ont même cherché à faire reconnaître cette sombre période de l’histoire comme relevant d’un crime contre l’humanité. Logiquement, les noirs que nous sommes devrions normalement avoir une répulsion épidermique contre toute situation avilissante nous mettant en position de défaveur et de subalterne surtout par rapport à la descendance de nos anciens bourreaux. Paradoxe, c’est des africains consentants qui aujourd’hui s’aventurent dans des situations davantage mortifères vers les portes de l’Occident. Pire encore certains engagent leurs progénitures dans cette odyssée à l’issue incertaine misant peut-être sur la place de prédilection qu’occupent les enfants au cœur des civilisations occidentales. Les médias ont montré cette femme d’origine congolaise refoulée, accompagnée de son enfant dont elle se servait comme prétexte pour fouler les sols du vieux continent. Que se passe-t-il donc en Afrique pour que nos pères nos frères, nos enfants nos sœurs et nos mères accourent aujourd’hui dans des conditions inhumaines vers les terres de l’Occident, cette civilisation qu’on indexe à chaque occasion pour justifier nos maux et nos misères, cette civilisation qui pille nos richesses, nous vole et nous viole?

La question est préoccupante pour la simple raison que l’âge de l’humanité et l’expérience acquise en terme d’organisation des sociétés modernes nous mettent à l’abri de ces cas de figures. Nous sommes rentrés depuis le 18e siècle dans un tournant de notre histoire où chaque individu de la gent humaine est redevable du titre de personne sur le plan moral, et de citoyen sur le plan politique. Cela s’explique moralement par le fait que chaque homme à droit au respect de sa dignité pour sa qualité de personne, et politiquement au respect de son titre de citoyen puisque tous, nous faisons partie d’un groupe de personne vivant ensemble dans un espace territoriale bien défini, ayant délégué une grande partie de notre pouvoir à des institutions ou des personnes chargés de la gestion de ce vivre ensemble. C’est le fait des organisations étatiques où le vivre ensemble est discuté, codifié, organisé ensemble avec le citoyen dont la jouissance la plus immédiate est la garantie de sa liberté. Être libre ne se réduit pas seulement à faire ce que l’on veut de sa journée où aller où bon nous semble, bref avoir les garanties sécuritaires basiques, mais de jouir de la pleine potentialité de notre autonomie ou tout simplement de valoriser nôtre existence le mieux possible. Cela implique comme il faut s’y attendre la possibilité d’avoir un avenir dans les lieux de notre socialisation, d’être écouté et respecté, bref de bénéficier des possibilités d’éclosion de notre nature projective. Cette nature projective est ce potentiel psychoaffectif propre à chaque individu qui s’alimente de projets, de rêves, de la projection de soi dans un avenir immédiat ou lointain où la vie s’offre à nous avec une douceur et une sécurité pareille à celle de notre existence fœtale dans les entrailles de nos mères. Cette nature projective prend racine dans le lieu de notre naissance, le lien de notre socialisation, de notre culture ou encore du lien que nous entretenons avec les autres et avec la société. C’est cette nature projective qui nous fait vivre dans des situations périlleuses où inconfortables, elle le lien psychosomatique entre la misère immanente et l’espoir du vie meilleure. Quand la réalité sociopolitique est dessinée par les incohérences sociales, la barbarie, la misère, le viol, la répression comme c’est le cas des régimes politiques africains, la conséquence la plus désastreuse est la dissolution de ce potentiel psychoaffectif chez l’homme. Elle est aussi ravageuse qu’un ouragan de la trempe de katrina ou aussi destructrice qu’un Tsunami. Elle pousse au désespoir, au suicide, au meurtre… C’est la dissolution de ce potentiel qui poussant l’humain dans son dernier retranchement fait main basse sur sa conscience, sa nature socialisée et laisse libre cours à la violence, rendant possible les guerres les plus sanglantes, les exodes les plus inimaginables. Dans l’histoire de l’espèce humaine chaque fois que le seuil de tolérance de nuisance à cette nature projective est atteint, des bouleversements sociaux l’accompagnent. La dissolution de la nature projective a guidé les pas des Hébreux maltraités en Égypte antique vers les terres promises, elle explique aujourd’hui le geste suicidaire des kamikazes palestiniens, des djihadistes irakiens sous occupation, aussi bien que le déplacement des populations africaines vers les terres d’Europe.

Il urge de faire comprendre à qui de droit que ce qui se passe dépasse les simples problèmes d’immigrations clandestines ou de sécurité intérieure des États européens touchés par le phénomène. Ce qui est lisible et préoccupant c’est l’usure délibérément programmée de l’existence des êtres humains par des groupes de personnes dont la mission s’est pernicieusement transformée de protection en agression. C’est parce que ces personnes ont pris conscience de l’hypothèque sur leur avenir, cette privation tous azimuts de la possibilité d’un horizon social dans la chaleur de leur terre natale que leur instinct de conservation les pousse à ce périple. Ce qui devrait préoccuper l’opinion internationale, les associations caritatives, les Nations Unies, l’UNICEF, les organisations internationales des droits de l’homme, et en premier la vielle Europe, c’est l’usurpation délibérée des droits de personne et de citoyen par les politiques africains au pouvoir, qui poussent tout une génération à abdiquer à l’héritage de leur patrie, et de leur droit d’existence. L’Occident d’ordinaire très tatillon sur les droits de l’homme et très sensible aux drames humains n’a cure de cette situation. Cela aurait été le cas peut-être si le déterminisme biologique n’avait pas ajouté de la mélanine à la peau de ces misérables. Rapatriement ou sommation de départ sont privilégiés au détriment d’une assistance à personne en danger. Les réfugiés sont certes nourris, entassé dans des logements en attendant leur rapatriement, tout l’envers de l’espoir qui leur fait braver la furie des flots et les dangers dont les immigrants sont coutumiers. Le sort dont ces immigrés sont l’objet n’est pas moins qu’une invective, doublée du reproche de la démission au combat pour la vie. C’est comme si il leur serait plus profitable de faire sauter des bus gorgés de chair humaine ou de plastiquer des voitures pour exprimer le désespoir absolu qui s’est emparé d’eux. A qui la faute ?

S’il y a usurpation de droit, forcément il y a des coupables et des responsables. Les plus immédiats sont nos régimes politiques africains. Chaque immigré clandestin originaire d’un pays l’implique d’emblée dans la participation à cette spoliation de droits des personnes. Les pays africains se sont inscrits dans la modernité politique en profitant et dépassant même le cadre de l’exercice du pouvoir, de la gestion des biens et des personnes qui leur à été délégué sans daigner respecter les droits y afférents. Parmi les droits les plus bafoués, ceux de la qualité de personne et de la reconnaissance citoyenne. L’important pour ces régimes atypiques africains est de gouverner comme ils l’entendent envers et contre tous en ayant comme ultime ambition de rester le plus longtemps possible au pouvoir. Pour ce faire, l’émergence du citoyen est refoulée à jamais et la surrépression tsunamistique exercée par les régimes africains sert de moyen de contrôle des masses populaires. Ces personnes sans avenir sont pour la plupart, des gens à la conscience lucide qui ne peuvent pas se faire de place dans l’organisation des pouvoirs rentiers africains puisqu’ils ne veulent pas vendre leur âme au diable ; des personnes contre lesquelles les régimes gardent une dent. Il est préférable à ces régimes sur un point de vue stratégique à long terme, de les pousser à l’exode vers les terres européennes que de les laisser à l’intérieur des territoires africains où à la longue, ils deviennent un danger, pouvant recourir aux armes ou se rebeller. L’origine du mal se résume au fait que le citoyen n’est pas advenu, que son droit de regard sur la vie publique, et l’exigence de l’écoute dont il est justiciable gène ceux qui veulent opérer dans l’opacité. C’est parce qu’en Afrique le citoyen n’existe pas que tout récemment les meurtres des africains à Paris dans des incendies criminels n’a fait l’objet d’aucune plainte par les États africains. On attendait en silence, à défaut d’une demande de compte officielle des pays des citoyens concernés, que l’Union africaine réagisse publiquement, rien n’a été fait de ce sens. Alors que sous d’autres cieux, quand un citoyen meurt ou demeure captif cela devient une affaire d’État, le monde noir se moque de ses fils. Même le Brésil n’est pas resté indifférent à la mort en pays étranger d’un de ses citoyens durant la période des attentats terroristes de Londres cette été! Malgré la confusion et le chaos qui peuvent expliciter la genèse de cette bavure, le Brésil demande réparation en soutenant la famille éplorée dans ses exigences d’éclaircissement du drame. Hussan Anoun et Brigitte Aubenas ont défrayé les chroniques des journaux pendant leur enlèvement. Cela a dépassé le seuil d’une implication de l’État français pour prendre une envergure internationale. Alors et nous autres Africains ?

L’Occident qui se pose en victime dans ce drame humain devrait arrêter ses simagrées. Elle n’est peut-être pas coupable mais elle n’est pas moins responsable. Le véritable problème dont l’immigration clandestine est le symptôme est la dissolution de la nature psychoaffective des Africains. L’Occident y participe délibérément. Tant que les métropoles feront maintenir à travers des organisations réticulaires des chefs d’États de pacotille vomis par le peuple, la passion de l’organisation sociale de l’Occident où on est passé des États démocratiques à des sociétés démocratiques et où la devise est assez conséquente pour les Africains entraînera toujours des vagues d’immigrés vers ses terres. C’est une question de survie, de recherche d’un horizon. Le déploiement ou le renforcement des mesures de sécurités ne changera pas grande chose, sinon ces peuples refoulés dans leur ultime tentative de l’assomption de leur existence iraient très vites gonflés le nombre de partisans de luttes armées, ou bien importeraient des scénarii de violences au style kamikaze. Il faut arrêter ces crimes odieux avant que le malaise ne se généralise. Il ne faut plus continuer à faire deux poids deux mesures. Si le patriotisme économique vaut pour la santé économique de la France, elle vaut pour celle des anciennes colonies africaines. On ne peut pas continuer à empêcher les populations du tiers monde à venir chercher en Europe les moyens de subsistance que cette dernière pompe chez eux. La seule solution est de laisser les africains décider de leur dirigeant, de gérer leur richesse et de ne pas créer des pseudos rebellions dans des pays où les rares chefs d’États nationalistes refusent de jouer le jeu macabre de la domination occidentale. Les associations de défense des droits de l’homme, la société civile et les organisations caritatives doivent monter au créneau pour demander des comptes à qui de droit. Les pays de l’Union Européenne touchés par cette exode mortifère et massive des populations africaines ayant perdu la foi en une possibilité d’avenir sur leur terre natale, doivent demander aux métropoles encore engouées dans une politique paternaliste et mesquine de desserrer l’étau de leur barbarie et de laisser l’Afrique jouir de la générosité de son sous-sol et de ses autres richesses. A défaut ne soyons pas surpris de voir se généraliser l’entropie, des populations désespérées venir à leur risque et péril récupérer ce qu’on leur à volé !

Korh pour Afrology